lundi 11 mai 2015

Manger mieux, mais comment ?


Qui n’a jamais pris la bonne décision de mieux manger après avoir visionné une des nombreuses émissions consacrées aux horreurs de la malbouffe industrielle ? Combien d’entre nous l’ont vraiment fait ? Peu. Pourquoi ? Ce ne sont pas les arguments qui manquent : peu de variété dans les produits de saison, c’est plus cher, on ne sait pas où trouver des produits locaux ou encore on n’a pas le temps. Enfants de la société de consommation, nous sommes habitués à tout trouver tout le temps : véritable bénédiction quand on travaille à temps plein, qu’on a des enfants et qu’on doit jongler entre sa vie professionnelle et privée ! Le supermarché ou le « paradis » du consommateur ouvert 7 jours sur 7 avec ses produits venant de tous horizons  et immuablement disponibles quelle que soit la saison. On a tous mangé les tomates gorgées d’eau en provenance d’Espagne, le melon sans saveur du Maroc, le pain  surgelé de Pologne et j’en passe. Nous sommes sans doute trop profondément ancrés dans la société de consommation pour changer nos habitudes alimentaires du jour au lendemain, mais je reste convaincue que chacun d’entre nous peut en changer quelques-unes pour non seulement soutenir la région dont il est fier, mais surtout pour (re)trouver le goût des bons produits authentiques.


Peu de variété dans les produits de saison …
Encore une fois, il n’est pas question ici de révolution, mais bien d’évolution. En effet, il est aussi possible d’entamer une réflexion sur ses habitudes alimentaires et de mettre certaines de ces bonnes résolutions en pratique au supermarché en privilégiant, par exemple,  les fruits et légumes de saison en provenance de Belgique. Certains me diront que les produits de saison belges n’offrent pas beaucoup de variété. Prenez un calendrier de la disponibilité des fruits et des légumes en fonction de la saison : ce n’est pas la variété qui manque. De plus, je suis certaine qu’une grande majorité d’entre nous ne mangent pratiquement jamais plus de la moitié de ces produits. Ne serait-il pas intéressant de (re)découvrir ces produits et de davantage varier son alimentation ? Pour nos papilles, cela ne fait pas l’ombre d’un doute ! Enfin, je préfère manger une bonne petite poêlée de navets belges au mois de novembre qu’une salade de tomates espagnoles au goût d’eau.


C’est plus cher …
À l’époque de nos parents, certains produits nobles étaient réservés  aux grandes occasions, je pense notamment au foie gras ou au saumon fumé. À l’heure actuelle, ces produits sont aussi vendus sous des labels discount en supermarché et on les consomme à toutes les sauces. Il est clair que les artisans wallons producteurs de foie gras ne pourront jamais rivaliser en terme de prix, mais il est également clair que ces produits discount ne pourront jamais rivaliser en terme de goût. Le goût, n’est-ce pas là l’essentiel ? Pourquoi ne pas garder ces produits d’exception pour les moments d’exception ? Pourquoi ne pas remplacer le foie gras par un bon pâté régional ou le saumon fumé par de la truite saumonée lors d’un apéro entre amis ? Pour ce qui est des produits de la vie courante comme le pain, le lait, les œufs, les légumes, les fruits, la viande, il est vrai que les prix pratiqués par les producteurs locaux sont bien souvent plus élevés que ceux pratiqués en supermarché. Mais comme disait ma grand-mère : « Le cher, c’est le bon marché ». Si payer un peu plus cher implique de consommer des produits frais et de qualité, de soutenir l’économie locale et de limiter son empreinte carbone et celle des exploitations agricoles, mon choix est vite fait ! À vous de peser le pour et le contre …


On ne sait pas où trouver ces produits …
Pour l’alimentation, nous sommes tous atteints du syndrome « réflexe supermarché ». Mais comment faisaient nos grands-parents ? Ben, ils achetaient local ! S’il y a encore quelques années, s’approvisionner en produits locaux s’apparentait davantage à un véritable parcours du combattant, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Face à la demande croissante des Belges de consommer autrement, les producteurs locaux ouvrent les portes de leur exploitation au grand public. Les marchés du terroir se multiplient et les organismes et associations en tous genres s’attelant à la promotion des produits du terroir ne manquent pas : Accueil Champêtre en Wallonie, Office des Produits Wallons, Apaq-W, Saveurs Paysannes, …


On n’a pas le temps …
Les produits locaux, ça parle à tout le monde. Par contre, beaucoup sont découragés par le temps et l’organisation qu’implique la consommation de ces produits. En effet, il est rare de trouver tous les produits alimentaires dont on a besoin dans un seul établissement. Le consommateur doit donc se rendre dans plusieurs fermes qui ne sont pas non plus situés les unes à côté des autres. Pour rivaliser avec les supermarchés, les acteurs des produits locaux doivent s’adapter à leurs clients. Et c’est ce qu’ils ont commencé à faire avec la création de sites internet permettant de commander en ligne tous les produits de la vie courante et de se faire livrer à domicile ou de retirer sa commande dans un point de collecte. C’est le cas de Li Terroir (régions de Durbuy, La Roche, Marche-en-famenne et Rochefort), Topino (pour la Wallonie et Bruxelles), Efarmz (pour la Wallonie et Bruxelles). Initiative indispensable pour perdurer dans notre société de consommation. Certes, des efforts restent à fournir pour réduire les délais de livraison ou pour augmenter la gamme des produits proposés, mais c’est déjà un premier pas non négligeable. À tester !


Aujourd'hui, nous sommes habitués à tout trouver tout le temps, mais à quel prix ! Nous ne savons pas toujours ce que nous mangeons, d’où ces produits viennent et les conditions dans lesquelles ils ont été préparés. Le but ici n’est pas de stigmatiser les supermarchés, mais plutôt de reprendre le contrôle de ses habitudes alimentaires. La prochaine fois que vous serez au supermarché en vous creusant la tête pour savoir ce que vous allez faire à manger, pensez Belge et de saison. Et pourquoi ne pas franchir une étape de plus en vous rendant sur l’un des nombreux marchés du terroir, en poussant les portes des fermes de votre région ou encore en testant les commandes de produits locaux en ligne ? Qu’est-ce qu’on risque en privilégiant les produits belges et en respectant le fil des saisons ? Pas grand-chose, si ce n’est de commencer à mieux manger.

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